Brésil : Marina Silva a payé cher son reniement

Dilma Rousseff à Marina Silva : "c'est ça, le banc (la banque) qui te soutient ?"

 

Arrivée troisième au premier tour de la présidentielle, l'ex-écolo chrétienne avait cessé d'intéresser en se donnant aux libéraux (leçon valable pour nous aussi) : 

 

Le second tour opposera  la sociale-libérale sortante Dilma Rousseff, candidate numéro 1 des milieux d'affaires (41,6 %), et le libéral-libéral Aecio Neves, candidat numéro 2 des milieux d'affaires (33,6%).

Quant à l'ex-outsider Marina Silva, sa cote d'amour s'était effondrée dans les derniers jours de la campagne ; elle plafonne à 21,3 %.

Elle avait commencé en fanfare (talonnant et même distançant Mme Rousseff) parce que les foules voyaient en elle la candidate des plus pauvres, l'idéaliste inflexible qui n'avait pas hésité naguère à rompre avec Lula parce que le gouvernement PT trahissait ses promesses sociales et environnementales.

Mais plus la bataille électorale s'amplifiait, plus Marina Silva tentait de capter la bienveillance de l'oligarchie économique et financière. Oubliant les thèmes qui lui avaient valu l'estime populaire, elle se mettait à parler le langage globish ; le sommet fut atteint quand elle promit de « renouer (!) avec les marchés », promesse dérisoire lorsque l'on combat deux candidats proches l'un et l'autre des marchés. Dès cet instant son sort était scellé.

Pour expliquer les palinodies de Marina Silva, faut-il voir en son personnage « une marionnette des multinationales » comme le suggère l'ultra-gauche ? Rien n'est jamais exclu... Mais cette hypothèse n'est pas nécessaire :  on peut se contenter d'observer que, dans les démocraties de marché, les politicien(ne)s à label moral semblent condamnés au reniement. Ils (elles) affirment que c'est « pour éviter l'échec » ; mais ils (elles) ont à la fois le reniement et l'échec. La leçon pourrait servir, en France, à en déniaiser quelques-un(e)s : notons que cette leçon nous est proposée au lendemain du frappant succès de la Manif pour tous. Que celle-ci continue à s'éloigner des récupérations partisanes !